Il a été reconnu très tôt (au moins dans les années 1400) que la hauteur maximale du soleil au-dessus de l'horizon (c'est-à-dire le midi solaire) à une date donnée correspondait à la position latitudinale d'une personne. Cette information était vitale lorsque les navires naviguaient dans l'immensité de l'Atlantique et voulaient savoir à quelle distance au nord ou au sud de leur cap ils pouvaient dériver. Le remplacement du bâton de Jacob, qui nécessitait une observation directe du soleil, par le quadrant de Davis ou backstaff (observation indirecte) a été une grande bénédiction car il a permis de réduire considérablement le nombre de capitaines de navire qui devenaient aveugles (rétines brûlées). C'est une histoire vraie!
Les latitudes étaient également pratiques pour les souverains qui parrainaient des voyages de découverte et revendiquaient des territoires. Depuis la sécurité et le confort relatifs de leur salle du trône, ils pouvaient faire de généreuses revendications territoriales basées sur des lignes imaginaires que personne ne comprenait vraiment mais que peu de gens pouvaient contester (en particulier les peuples indigènes dont vous découpiez soigneusement les terres). La raison pour laquelle notre frontière internationale actuelle se situe près du 45e parallèle est tout simplement parce qu'il s'agit de la latitude nord arbitraire accordée par James 1st d'Angleterre pour la charte de la Virginia Company en 1606. Les Hollandais, en 1614, ont également choisi la même latitude pour leur frontière septentrionale des Nouveaux Pays-Bas. Les Français ont eux aussi flirté, quoique de façon informelle, avec le 45e parallèle comme limite méridionale de la Nouvelle-France. Le simple passage du temps (et quelques conflits désagréables) a durci ces abstractions cartographiques pour en faire des réalités géopolitiques acceptées.